vendredi 29 juin 2012

Brève V

La pécheresse était en rédemption, elle en craignit pour mon âme ; je la rassurai en lui disant à quel point j’en fus dépourvu. Dépourvu de cela comme de toute trace d’humanité véritable, je me résolus à l’utiliser comme un marchepied pour m’élever, un peu, vers l’alacrité ; horizon futile qu’il m’arrive parfois d’espérer avant de me rendre compte à quel point il est intrinsèquement inatteignable, surtout avec ce qui n’est au final qu’un succédané de toi.

mardi 26 juin 2012

Brève IV

Tous leurs refus ne font que m'enfoncer dans la torpeur indéniable d'un oubli trop parfait de ces petites fadaises féminines : comme ces odeurs de parfums printaniers fleurant des draps désormais définitivement froids ; ces restes de commissures rougies sur un récipient portés aux lèvres ; ces traces d’ocre poudré laissées sur un oreiller à présent inutile ; ces rejets vaginaux d'un foutre trop longtemps gaspillé, symboles de ce dégoût viscéral pour la moindre particule de moi.

dimanche 24 juin 2012

Brève III

Elle avait de longs cheveux bruns, tendant vers le jais à cause de quelques gouttes éparses, restes accentuant d’une douche récente, aux promesses de trouvailles délicieuses et charmantes de ses dernières comparses aux creux de ses reins. Comme pour s’accorder avec sa chevelure diabolique, elle avait sorti un ensemble sombre : de la jupe aux talons, des épaules à la croupe, elle ne fut vêtue que de noir, tenue immorale pour une travailleuse. A son téléphone elle dit s’appeler Annabelle ; elle se retourna, je l’appellerai simplement Anna.

vendredi 22 juin 2012

Brève II

Je ne me rappelais plus si je fus jamais sobre, si je connus autre chose que cette brume vaporeuse : antre où je me réfugiais en permanence tant mon âme était sombre ; repaire inexpugnable et sécuritaire aux contours flous, vagues et indescriptibles, immensément reposant, sans cesse alimenté par ces nectars houblonnés, maltés ou vinifiés. Je décidai de le quitter, de tout quitter, de ne rien laisser derrière moi qui pût me rappeler cette époque honnie. Bizarrement, elle se vexa.

mercredi 20 juin 2012

Brève I

Blanches. Originellement elles le sont toutes, elles nous attirent pour cela : immensités vides que l’on peut remplir de nos envies les plus excentriques voire les plus inavouables ; champs virginaux à labourer pour y semer la graine du désordre et du chaos dans les esprits philistins ; elles reçoivent sans broncher nos dégueulis simiesques et ridicules ; jamais de complaintes, de lamentations, d’animadversions, elles sont là pour ça et elles le savent : réceptrices amicales et bienveillantes de notre naufrage pitoyable. Mon Dieu que je les aime blanches, mais qu’elles me font peur ainsi.